Etude chaîne de valeur poisson genre sensible dans le cadre du projet PESA

Contexte de l’étude

Cette étude s’inscrivait dans le cadre de la mise en œuvre du Projet Pisciculture pour l’Emploi et la Sécurité Alimentaire (PESA) ou « Faso Jege« . Lancé en 2021 pour une durée de 6 ans, et financé par le Royaume des Pays-Bas. Il découle d’une initiative de l’ONG ICCO (partie de CORDAID) en collaboration avec le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques (MRAH) du Burkina Faso à travers sa Direction Générale des Ressources Halieutiques (DGRH).

Le projet accompagne les initiatives individuelles et collectives pour la production de poisson, par la pisciculture dans les régions du Sahel, du Centre-Nord, de l’Est et du Nord. En terme d’approche de mise en œuvre, il s’inspire des projets Jege ni Jaba, en cours au Mali et exécuté aussi par ICCO.

Malgré des améliorations, la situation alimentaire reste préoccupante au Burkina où la consommation du poisson est importante. La pisciculture, pourtant porteuse de potentiel en termes de production, d’emplois et de revenus, demeure encore faible. Le projet PESA intervient donc pour soutenir le secteur rural, fortement affecté par la crise sécuritaire, en promouvant la pisciculture. Pour réussir ce projet, il fut essentiel de bien comprendre la chaîne de valeur du poisson issue de la pisciculture, ses dynamiques internes et externes, ainsi que les inégalités d’accès entre femmes, hommes et jeunes, aux ressources productives. C’est en vue de disposer d’ éclairages avisés que la présente étude a été initiée. Par conséquent, elle a été réalisée entre décembre 2021 et février 2022 au Burkina Faso avec l’expertise de notre Cabinet NExDEFI Group.

Résultat de l’étude

L’étude chaine de valeur poisson « genre sensible » a visé un double objectif : d’une part faire une analyse de la chaîne de valeur poisson à travers ses différentes fonctions et services (aménagement, approvisionnement en intrants et équipements, production, transformation, commercialisation, consommation) et d’autre part identifier et analyser les contraintes de genre au niveau de chaque maillon de la chaîne

Les principales conclusions révèlent ceci. Avec une production de 29 752 tonnes en 2020, une consommation de 8 kg par habitant/an et environ 50 000 emplois générés, le sous secteur contribue à la sécurité alimentaire et à la lutte contre la pauvreté. La part domestique n’est que de 16,83 % en 2020 et l’aquaculture reste marginale malgré les potentialités existantes. La demande de poisson est en croissance et est stimulée par des prix incitatifs. Principalement, deux espèces sont élevées : le Tilapia du Nil (Oreochromis niloticus) et le Clarias (gariepinus) appelé Silure. En 2021, 218 fermes fonctionnelles ont été recensées, avec 89 % de promoteurs adultes, 83 % d’hommes et seulement 17 % de femmes. La transformation est surtout féminine (83 %), principalement axée sur le fumage et la friture. La commercialisation reste dominée par les pisciculteurs eux-mêmes, à travers des circuits courts.

Quant aux infrastructures d’élevage, elles reposent sur les bassins piscicoles, avec 6 prestataires répertoriés par la DGRH. L’alimentation constitue une contrainte majeure. Il n’existe pas une production de qualité au niveau national.  Les services financiers proviennent des banques, IMF, fonds nationaux et sociétés de transfert, mais il n’existe pas de produits spécifiques qui ciblent la filière poisson.

Les modèles d’affaires identifiés sont : production d’alevins, production de poisson marchand, modèle hybride et ferme intégrée. Cependant, l’approvisionnement en alevins constitue un goulot d’étranglement majeur de la chaine de valeur aussi important que l’accès aux aliments poisson.

La faible disponibilité d’intrants de qualité, l’absence de statistiques fiables et le déficit de suivi technique limitent la consolidation de modèles économiques solides. La représentation des femmes et des jeunes reste faible dans la production. Le contexte socioculturel, marqué par les règles coutumières et religieuses, défavorise leur accès aux ressources productives nécessaires à la pisciculture.

Recommandations

(i) Mettre en œuvre une stratégie de promotion de la production et de la distribution optimales de semences piscicoles (alevins) de bonne qualité ; (ii) faciliter l’accès au financement pour les promoteurs et candidats promoteurs de fermes piscicoles, (iii) mener une campagne de communications dans les régions de la ZIP (zone d’intervention du projet) pour une participation équitable des femmes et des jeunes à travers des appuis ciblés ; (iv) réaliser un diagnostic approfondi des causes de résultats mitigés dans la mise en œuvre de certains systèmes de production, en particulier la pisciculture en enclos ; (v) tester et développer une approche innovante d’alimentations des poissons basée sur la réduction des coûts à travers l’utilisation les aliments locaux.; (vi) poursuivre la mise en place de PDPI (pôles de développement piscicoles intégrés ) en mettant l’accent sur la présence d’une entreprise ou un groupe d’entreprises leaders dans la région avec des plans d’affaire détaillés (modèle RuralInvest).

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