Evaluation et analyse de la chaîne de valeur poisson sensible au genre

Contexte de l’étude

Le Burkina Faso est un pays continental disposant de ressources en eau limitées. Il s’appuie sur les retenues d’eau et lacs naturels pour la mobilisation des ressources en eau, le développement hydroagricole et piscicole. Dans le cadre de sa coopération avec ses partenaires techniques et financiers, le pays a bénéficié d’un appui de la FAO à travers l’ASDI (Agence Suédoise de Développement Internationale) pour le développement des chaînes de valeur agroalimentaires, avec pour objectif de permettre aux femmes de bénéficier de façon plus équitable de revenus. De ce fait, la chaîne de valeur poisson a été retenue pour la mise en œuvre de ce projet, avec pour zone d’intervention prioritaire la pêcherie du Sourou. Ainsi donc, la problématique principale de l’étude fut l’évaluation et l’analyse de la chaîne de valeur poisson sensible au genre afin d’identifier les disparités entre les sexes, les besoins et les opportunités pour une chaîne de valeur plus inclusive. Réalisée entre 2016 et 2017 par une équipe d’expert (Lassina KONATE, économiste et KONE Salya, spécialiste genre) de NExDEFI Group, l’étude visait d’une part à générer des données et des analyses pertinentes sensibles au genre et d’autre part à proposer un plan de mise à niveau des acteurs des chaînes de valeur poisson dans l’optique de remédier aux inégalités entre les sexes et promouvoir l’autonomisation des femmes grâce à des services adaptés.

Méthode

La méthodologie utilisée reposait sur l’approche chaîne de valeur sensible au genre en l’occurrence le cadre conceptuel d’intégration systématique la dimension de genre.

Résultat de l’étude

Le potentiel productif du barrage est estimé à près de 1 000 tonnes par an et les activités de pêche impliquent directement environ 2 000 personnes (pêcheurs, mareyeurs, transformatrices, détaillants). L’analyse a distingué la chaîne de valeur du poisson frais et celle du poisson fumé. En ce qui concerne le poisson frais, la pêche est dominée par les hommes (70 %), tandis que le mareyage est assuré majoritairement par les femmes (70 %), mais leur proportion diminue à 50 % quand l’activité prend de l’ampleur. Les revenus dépendent surtout des niveaux d’équipements disponibles et de la capacité à préfinancer les outils de pêche. Pour le poisson fumé, une part importante des captures est transformée à cause des difficultés de conservation, et cette activité est exclusivement féminine. En outre, les femmes de pêcheurs transforment et vendent sur les marchés locaux (Di et Gouran). Les commerçants des centres urbains (Dédougou, Tougan, Yako) procèdent ensuite aux achats pour la revente. Dédougou est la principale destination du poisson frais ou fumé. Dans cette chaîne, les niveaux de revenu dépendent directement des capitaux investis. Les plus nantis ont les meilleurs revenus.  Par ailleurs, les femmes sont très présentes dans la commercialisation, la transformation, l’écaillage. Quant aux hommes, outre la pêche, leur présence est plus remarquée dans les métiers d’appui comme la manutention, le transport, la vente et la réparation des engins de pécheurs. La position des femmes dans cette chaîne de valeur poisson est influencée par le rôle social de la femme. Ce rôle confine la femme aux tâches ménagères et rend difficile sa marge de manœuvre pour réaliser les activités économiquement et financièrement importantes. Ces activités relèvent des hommes qui ont plus de mobilité, moins de contraintes domestiques et des agendas plus flexibles. Par conséquent, en vue d’améliorer les revenus des femmes, il faudra les accompagner à lever les contraintes sociales de genre inhérentes au contexte socio-culturels à travers des activités de renforcement de leurs capacités organisationnelles, entrepreneuriales et financières. Ce dernier aspect nécessite une facilitation pour un meilleur accès aux équipements et aux fonds de roulements à travers une offre adaptée de crédits.

Synthèse et Recommandations

Au terme de cette étude, les réponses aux questions relatives au genre dans la chaîne de valeur poisson à partir de la pêcherie du Sourou montrent une répartition différenciée des rôles et responsabilités. Les hommes dominent le maillon de la pêche professionnelle car ils disposent de plus de marges de manœuvres face aux contraintes sociales et domestiques. L’engagement des femmes reste limité par des contraintes sociales, domestiques et physiques. Les femmes œuvrent dans le mareyage, la transformation et la commercialisation à travers des micro-entreprises. Elles rencontrent cependant plusieurs obstacles : manque d’équipement de conservation, faible efficacité énergétique au niveau du fumage et du séchage, consommation importante de bois, manque de moyens financiers, faibles capacités entrepreneuriales. D’une manière générale, le développement des capacités entrepreneuriales des femmes semble être le plus grand défi à affronter afin d’améliorer la compétitivité de leurs microentreprises. Cela nécessite une prise de conscience, une mise en confiance, un accompagnement en leadership, en planification et techniques de gestion dans le cadre d’un programme de renforcement de leur capacité en entrepreneuriat et dans certain cas une formation en alphabétisation et comptabilité fonctionnelles.

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