Contexte de l’étude
Cette étude rentre dans le cadre du Projet Résilience Plus : Relèvement communautaire suite à la crise alimentaire au Sahel (Projet CORE). Ce projet est une réponse du Lutheran World Relief (LWR) aux fréquentes crises alimentaires (3 crises en 4 ans) qui ont affectées les populations au Sahel rendant les ménages pauvres et très pauvres, plus vulnérables. Au Burkina Faso, le Projet CORE est exécuté en partenariat avec la Fédération des Diema Tin Tua (FDTT) chargée de transposer et étendre le modèle de résilience communautaire de LWR pour atteindre 51 496 personnes (26 424 femmes et filles et 25 072 hommes et garçons) touchées par la crise dans trois provinces (le Gourma, la Gnagna et la Komondjari) de la Région de l’Est.
L’étude a été réalisée par une équipe d’experts de NExDEFI Group et s’est déroulée entre le 30 novembre 2015 et le 15 Janvier 2016. L’objectif était d’aider à mettre en place trois business plan au profit des unions de groupements (ou Diemas) de Fada N’Gourma, Bilanga et Haaba. La présent article porte sur Bilanga.
Méthodologie
L’étude a été menée sous la forme d’un processus d’élaboration d’un plan d’affaires avec l’implication de toutes les parties prenantes (responsables et techniciens des Diéma, responsables des groupements, producteurs, acheteurs, transformateurs et commerçants, services techniques en charge de l’agriculture). A partir d’une approche globale de la chaîne des chaînes de valeur du sorgho et du niébé, la démarche a pris en compte trois aspects notamment, l ’orientation par le marché, la prise en compte de la compétitivité, le respect de l’équilibre financier.
Résultat
Dans un contexte marqué par la vulnérabilité climatique, les fluctuations de prix et les difficultés de stockage, les petits producteurs de la région de l’Est font effectivement face à un accès limité aux crédits. Ce manque de moyens les maintient dans un cercle vicieux de pauvreté. Le projet CORE, a permis de stimuler la production locale, d’améliorer la gestion des terres, de renforcer le traitement post-récolte et accroître les productions agricoles.
L’idée d’affaire retenue, repose sur la mise en place d’un mécanisme de warrantage paysan par le Diéma de Bilanga, accompagné d’un service d’information commercial (marché et prix). L’objectif est de permettre aux producteurs de sécuriser une partie de leur production, d’accéder au crédit et de tirer profit des opportunités du marché.
L’étude confirme le choix du Diéma de Bilanga pour le warrantage du sorgho et du niébé. Il s’agit de deux cultures soutenues par le projet à travers des semences certifiées, des formations. En outre, le Diéma dispose d’une capacité de stockage de 80 tonnes. Les conditions sont donc favorables aux warrantages. Le warrantage se fera dans le respect de l’équilibre nécessaire entre la sécurité alimentaire et la vente des excédents en vue d’accroître les revenus des producteurs membres. Le mécanisme limitera la participation à trois sacs maximums par producteur (deux sacs de sorgho et un sac de niébé). Ce qui permettra d’inclure un plus grand nombre de paysans, dont au moins 50% de femmes.
Afin de développer ce dispositif, le Diéma, avec l’appui de la FDTT, va cordonner les activités telle que la sensibilisation, la formation, la constitution et le suivi des stocks, le déstockage via un comité de gestion, ainsi que la négociation avec les institutions de microfinances.
L’analyse montre qu’avec un effectif actuel de 777 membres, au moins 247 producteurs (34%) seront concernés dans un premier temps pour remplir le magasin à 100%. Les premières années serviront de test, avec un bilan attendu au bout de 5 ans. Pour démarrer, le Diéma dispose déjà des infrastructures mais doit investir 850 000 FCFA en équipements complémentaires (bâches, balance, sonde artisanale). Sur le plan financier, le compte de résultat prévisionnel montre un déficit durant les 5 premières années à cause des amortissements, mais l’Excédent Brut d’Exploitation (EBE) et la Capacité d’Autofinancement (CAF) seront positifs afin de garantir la viabilité du mécanisme.
Enfin, la rentabilité du warrantage va au-delà des aspects financiers en raison de son impact sur la sécurité alimentaire, la croissance des revenus des petits producteurs et surtout leur empowerment économique et social.
Synthèse et Recommandations
Au niveau du Diéma de Bilanga, l’analyse confirme la faisabilité d’un mécanisme de warrantage destiné aux membres de la coopérative (Diema). Ce mécanisme pourra être renforcé par la commercialisation groupée. L’idée d’y associer la commercialisation groupée nécessite un approfondissement de l’analyse des informations des marchés, la prospection d’acheteurs crédibles.
Afin de mieux installer le dispositif de warrantage, nous recommandons :
- La formation des responsables en entrepreneuriat agricole pour leur permettre d’avoir une plus grande confiance, Appui au montage de microprojet (embouche, élevage volaille, cultures maraichères etc.), Formation initiale sur le warrantage destiné aux animateurs et encadreurs,
- La réalisation d’une campagne d’information et de sensibilisation des producteurs à la base sur le warrantage par les animateurs et encadreurs,
- La mise en place d’un mécanisme d’analyse des données sur les quantités produites, à consommer et à vendre.
- La mise en place du dispositif de warrantage (recensement, réception des stocks) en partenariat avec un Institution de microfinance.
- La mise en place d’un dispositif CEF (Conseil à l’Exploitation Familiale),
- L’initiative d’une collaboration avec l’association FIMBA et l’ONG SOS Sahel,
- Le renforcement des capacités commerciales du Diema de Bilanga.

